E002 Par désir, par hasard, Galerie C → 



Par désir, par hasard
, vues du solo show à la Galerie C à Paris du 25/01/2024 au 24/02/2024. 
Photographies © Aurélien Mole 

Qu’ont en commun une chaise et un jeu d’échec ? Un aimant et une spatule ? L’art peut-il se faire par hasard ? Dans son œuvre iconique Les Chants de Maldoror, Lautréamont définissait, malgré lui, le surréalisme. Il serait ainsi « beau comme une rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie ». Ce jeu de rencontres opère également dans les œuvres de Sosthène Baran : on le perçoit dans sa manière de procéder. En effet, l’artiste glane, associe et réactive des objets dans son travail pictural. En combinant ses peintures à des objets, en faisant de ses œuvres des objets et de ces objets des œuvres, l’artiste laisse sciemment l’inconscient -le sien, le nôtre -émerger. À partir d’un morceau de bois récupéré, enduit puis peint, Sosthène Baran représente une tête chapeautée. À première vue, la composition semble extraite du réel. Pourtant, certains éléments s’effacent : les yeux, la bouche disparaissent ou se dissipent dans le volume et la texture du bois prend le relais. Le chapeau devient un aplat blanc, voluptueux, presque mousseux, et fit d’ailleurs dire à un ami de l’artiste qu’il s’agissait là d’une pinte -une bière -, soit un objet qui appartient généralement aux scènes de genre dans la peinture. L’artiste joue de ce trouble jusque dans le titre de l’œuvre qu’il a appelé « la peinte », appuyant sur la confusion formelle qu’il a provoqué -et évoquant l’exercice même de la peinture. Dans ce titre, le pronom promulgue, en outre, l’objet au rang d’icône, et même de grand sujet de la peinture comme la madone ou le portement de croix. La « peinte » prend ainsi, sous la main de l’artiste, une tournure beaucoup moins cocasse, non ?

Tom Masson, Directeur de la Galerie C à Paris